What a wonderful world !

Des mêmes auteuC’est l’histoire véridique de nous-autres, pauvres quidams, qui pataugeons dans les dédales mystiques autant que complexes des serveurs téléphoniques.

26 mai, je souscris un abonnement ADSL chez Tiscali, et depuis je n’ai plus le téléphone…
29 mai, je reçois mon colis. J’installe le modem. Ca marche mais je n’ai toujours pas de tonalité.

Ca doit être mon poste. Comme j’avais un combiné bas de gamme j’ai pensé que ça venait de là, j’en ai donc acheté un autre sensé, d’après un vendeur de chez Leclerc, ne pas me poser ce genre de problème. Je rentre à la maison, je branche et toujours pas de tonalité ! Oh joie !

30 mai. Je téléphone avec mon portable à Tiscali et après un quart d’heure d’attente musicale et après avoir discuté à bâtons rompus avec un répondeur interactif, je soumets le problème à un commercial qui ne comprend rien et qui me met en relation avec un technicien. Re-attente. Re-poirautage. Re-Musique... Bip, Bip, Allô. Allo... Ici Papa Tango Charlie... Oui allô ici Tiscali bonjour, quel est votre problème ? Heu. Je m’appelle Pascal et je... "Faut voir les réclamations".

2 juin. Aux Réclamations, (on a toujours peur d’être dans son tort dans ce genre d’institution), j’invoque la défaillance de la ligne, je plaide non coupable et on me répond in petto "de m’adresser à mon agence ".

Cette injonction semble me faire apercevoir une pâle lueur en faveur d’une éventuelle résolution de mon affaire, à l’instar de la vigie d’un rafiot perdu en mer apercevant la côte hospitalière.

7 juin. J’enfourche mon vélo et je roule vers mon agence Télécom. Attente. La queue... J’explique mon cas et je réclame une intervention. On me dit que le problème ne vient pas d’eux mais de Cegetel... auprès duquel j’ai un forfait. Haussement de ton : On m’envoie sur les roses. Bien sûr, j’aurai du m’en douter...

Engueulade avec une mégère : Je n’avais pas de ticket. J’ai perdu 3 heures, pour rien.
Je repars, énervé, dépité. Un orage éclate, semblant refléter mon humeur actuelle !

IL est 18h, Je prends mon portable. J’appelle Cegetel, le fameux 7 de Cegetel, et après avoir poireauté en écoutant de la musique, un sordide répondeur m’annonce qu’il n’y a plus d’opérateur.

Je décide donc d’écrire, en espérant que l’on prendra fait et cause de mes avatars, mais sans trop y croire.

8 juin : Le lendemain matin je rappelle Cegetel, et après avoir poireauté en écoutant de la musique et avoir discuté à bâtons rompus avec un répondeur rétro-barbatif, (air connu), je soumets le problème à un rond de cuir qui ne comprend rien et qui me met en relation avec quelqu’un...

Derechef, c’est l’attente, l’interminable attente. Re-poirautage. Re-Musique... Bip...Bip...Bip, Allo...Allô... Ici Tango Zoulou Panaché... Cegetel bonjour, quel est votre problème ? Heu... Je m’appelle...

Une opératrice jobastre et sans soucis me tient à peu près ce language :
"Oh ben non hein, c’est pas nous (bis). Sur ma fiche tout est bien. Oh ben non hein, c’est pas nous, c’est pas nous. Nous on relaie uniquement les communications. C’est pas nous, c’est pas nous. J’peux appeler un technicien mais comme vous n’appelez pas sur votre ligne, on peut pas réparer. Oh ben non hein, c’est pas nous."

J’insiste mais la réponse est claire :
"Ca doit être votre serveur ADSL ou les Télécom, c’est pas nous... Oh ben non hein, c’est pas nous."

C’est pas eux, c’est pas eux, faut voir... C’est quand même bien quelqu’un !

Samedi 14 juin. L’après-midi, une idée lumineuse (Ca m’arrive des fois) : les filtres sont peut-être défectueux, j’enfourche ma fidèle bicyclette et je file à Auchan (C’est la vie...)

La foule du samedi. Toutes les ménagères du canton ont investi les lieux.
J’avise le rayon téléphonie mais de filtre, point. Je cherche du regard un chef de rayon lorsqu’un sympathique bricoleur du dimanche après-midi m’oriente vers le rayon électricité. J’inspecte les bacs mais il n’y a pas de filtre, je prends une triplette.
A l’électroménager j’ai pris un robot mixeur (SEB c’est bien).
Rayon photo, je louche sur les appareils numériques, je reviendrais. Au ménager, un balai en éponge et des lingettes. Pour mon vélo 2 petits Sandows.

Bon, ne nous égarons pas : C’est enfin en hi-fi que je trouve mes fameux filtres. J’en prends 2 (on n’sait jamais).

Maintenant direction les caisses. Un monde fou. La queue. Les caddies sont bondés, on avance par petits pas. On s’arme de patience. Vient enfin mon tour...
Il n’y a pas de code-barres sur le filtre ! La caissière lève la main. Derrière moi les gens s’impatientent et me fustigent du regard.
Au bout de 6mn et 75secs, coup de téléphone : Bref dialogue entre Laura (c’est son nom) et un responsable. C’est bon, je paye et je sors.

Dehors c’est la canicule. J’attache le balai sur le cadre du vélo avec les 2 tendeurs que je viens d’acheter, le reste dans mon sac à dos.

Pour partir, pensant que la route est meilleure, je fais le tour du centre commercial : funeste erreur ! Je me retrouve dans un vague terrain, complètement paumé !
Un orage éclate. Je suis en tee-shirt. Joie ! Retour à la maison, HS, KO, trempé, essoré, lessivé.
Je déballe fiévreusement le rupteur qui va me soulager de tous mes maux, je branche... et ça ne marche pas, peau de balles !

L’anéantissement atteint le seuil du désespoir. Je reste debout, les bras ballants, la tête vide et les yeux hagards. Pourquoi tant de haine et d’indifférence ?
Je me tourne vers les murs, cherchant vainement une réponse à mon incompréhension.

Mon vieux téléphone gît sur la moquette, c’était bien la peine d’en avoir acheté un autre.
Mon regard se pose sur les filtres avec une âcreté qui n’a d’égale que l’amertume fielleuse de mon découragement. J’ai mal au cœur.

A ce stade, deux choix possibles : On pète les plombs et on casse tout ou on se raisonne. Moi, au point où j’en suis, je rappelle télécom et je GUEULE.
Or que se passe-t-il ? Musique, répondeur, bla-bla, touche étoile et plus rien. Personne. Le mur.

Un grand silence envahi la pièce... Un peu comme si une chape de plomb était tombée du plafond. Je n’ai plus de mobile, mort du forfait (amen).

Un grand vide… Le néant

Un quart d’heure après j’étais couché : On ne peut rien faire devant la force de l’immobilisme.

14 juin, au courrier, une réponse de Cegetel :

Nous avons bien pris connaissance de votre demande concernant l’état actuel de votre ligne.
Vous nous indiquez ne plus avoir de tonalité. Cette donnée nous indique que l’anomalie peut se constater en émission comme en réception d’appels. (sic!)
Veuillez vous rapprocher de l’opérateur public pour vérifier le bon fonctionnement de votre ligne.
Nous espérons avoir répondu à votre attente et vous remercions votre confiance.
Cordialement, votre Service Clients Cegetel

C’est on ne peut plus clair. Chacun se renvoie la balle : "C’est pas moi c’est l’autre".
 

Comment peut-on être si puéril et cependant d’une telle mauvaise foi ? J’ai la réponse sous mes yeux, et c’est navrant.

Une lettre inopinée de France- télécom :
Nous vous informons que conformément à votre demande, nous avons résilié votre forfait local. ??? quid ???

Quant à Tiscali, mon serveur ADSL, il n’a toujours pas répondu. Cela fait maintenant 3 semaines que je n’ai plus de téléphone.

16 juin. A tout hasard je réécris une lettre recommandée aux Télécom. On ne sait jamais mais j’y crois pas trop.

26 juin. Date anniversaire. Ca fait aujourd’hui un mois que je suis sans téléphone.

28 juin. Enfin une réponse de Tiscali :

Monsieur,

Nous vous remercions de la confiance que vous nous apportez en souscrivant à notre offre ADSL.
Nous vous conseillons de ne pas utiliser la même prise téléphonique pour brancher votre modem ADSL et votre appareil téléphonique. Nous vous suggérons d’avoir une prise téléphonique réservée au modem ADSL.
Nous vous proposons de contacter France Télécom afin de modifier l’emplacement de vos prises téléphoniques ou d’installer une prise supplémentaire.
Nous restons à votre disposition pour toute question ou suggestion.
Cordialement, l’équipe Tiscali.

AAARRGGHH !!!!! Je n’ai pas de téléphone ? Tant pis, je suis écœuré, ras l’bol.

ON VIT DANS UN MONDE MERVEILLEUX, n’est-ce pas ? Ben tiens, on croit rêver...

Pascal Coquet

juin 2009