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Le salon de lecture

Le salon de lecture

Annexe lounge du Café du globe Pascal Coquet Textes, fictions, desiderata...et autres billevesées


IDEES NOIRES

Publié par le Moujo sur 29 Janvier 2016, 10:00am

Catégories : #Aléas

Des mêmes auteursJe m’étais peut-être levé du pied gauche ce jour-là...

 

http://www.cafeduglobe.net/textes/interactif/IMG/jpg/frosch.jpg

Bien. Voyons maintenant les choses en face :

 

Suis-je donc devenu un phénomène de foire ?

Affaibli à l’extrême, difforme et sans consistance, annihilé, diminué à peu de chose, il ne me restait plus qu’un soupçon -A moins qu’il ne s’agisse d’une larme ?-  d’étincelle de vie.

Mon destin à plus ou moins court terme serait-il de finir exposé dans un jéroboam de formol éthéré posé sur l’étagère vermoulue au fin-fond de la roulotte sordide et glauque d’un saltimbanque avide, cynique mais néanmoins fier de sa nouvelle attraction ?

 

A cet heure, j’étais semblable à l’ombre d’un matelot usé, dégoûté par les relents et les effluves sordides de la cale encrassée d’un vieux caboteur de contrebande, un frêle esquif en dérive, en galère, tel un vaisseau fantôme égaré dans l’immensité glaciale de la mer de la Tranquillité.

Inexorablement je sombrais dans un puits sombre et abyssal, un immonde marais, une fosse à l’obscur tumulte abandonnée à jamais de Poséidon.

Tel Ulysse cherchant refuge dans la fuite j’entendais des mélopées, les appels lancinants émis par de chimériques sirènes.

Mais hélas je ne m’accrochais qu’à des illusions perdues.

 

Il régnait dans mon esprit tourmenté une furieuse tornade, un maelstrom.

La violence de cette terrible tempête semblait être à 10000 lieues du calme siégeant dans l’œil du cyclone...

 

C’est alors que je connus la peur...

Celle, bestiale, qui vous ronge et vous dévore,
Celle qui vous étripe et vous bouffe les entrailles.
Elle est comme un cri et jamais ne s’échappe,
Comme un implacable effroi, elle plane tout autour et ricane... ricane...
Cette peur, je l’ai apprise.

 

J’avais atteint un abattement absolu, une plate lassitude :

Une ombre assombrit mon front, le crâne en ébullition je ne réagissais plus.

La violente tempête qui avait investi mon esprit ne serait certainement pas prête de se calmer :

Son puissant souffle déferla avec la fureur sauvage d’un immonde raz de marée.

 

Cette énorme vague, en une folie ravageuse, balaya toutes les balises de ma raison vacillante :
Le soleil se voilât, il cessa de dispenser sa chaleur et l’univers dépérissait autour de moi.
Privée des rayons de l’astre du jour, la surface de la terre durcit, les mers, les fleuves, les rivières, les ruisseaux...

Tout gelait, se figeait, pétrifiait.

L'horreur glacée provoqua un frisson dans tout mon être.

 La terre se dénuda, devint stérile.

Spectacle désolé et affligeant où tout n’était que ténèbres.

Alors je sus que plus jamais je ne connaîtrais la quiétude...

 

PS : Les décors sont de Roger Hart et les costumes de Gérald Cardwell, quant à la direction musicale, elle est assurée par Gilles Margaritis.

 

Pascal Coquet

avril 2006

 

 

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